Entreprise vs Développement personnel
« L’entreprise n’a pas vocation à faire du développement personnel de ses salariés, mais du développement collectif »
Telle est la réponse que m’ont faite, en 2018, plusieurs entreprises auxquelles j’avais proposé des accompagnements individuels de leurs collaborateurs. J’étais alors convaincu que la plupart des dysfonctionnements (coûteux) des entreprises trouvaient leur origine dans les difficultés relationnelles et les représentations individuelles de chacun.
Ma proposition consistait alors à mettre en place des plages horaires de présence hebdomadaire pendant lesquelles chaque collaborateur volontaire pouvait s’inscrire et profiter d’une ou plusieurs séances de coaching pour acquérir des clés de compréhension des relations humaines et des outils qui l’aident à mieux communiquer avec ses collègues, à prendre du recul sur les difficultés relationnelles ou émotionnelles qu’il rencontrait, à atteindre ses objectifs, à prioriser ses activités, etc. Dans mon approche, tous ces petits déblocages réalisés à l’échelle individuelle contribueraient au mieux-être de chacun et donc à la performance collective.
Six ans plus tard, où en sommes-nous ? Un confinement est passé par là, mettant en lumière chez beaucoup d’individus la nécessité vitale d’un lien social de qualité, apaisé, agréable et enrichissant, et contribuant à leur mieux-être personnel. Les entreprises, jusque là focalisées sur le « développement collectif », se débattent désormais avec des salariés et des candidats à l’embauche avides d’épanouissement personnel.
« Le travail est avant tout un prétexte pour entrer en relation »
Peut-on réconcilier le besoin individuel d’être bien dans sa peau avec le besoin de l’entreprise d’atteindre une performance collective ?
Il me semble que oui, si l’entreprise prend enfin en considération le fait qu’elle est constituée d’individus humains, sujets aux émotions et aux états d’âme (non, ce ne sont pas des gros mots), et pour qui finalement le travail est avant tout un prétexte pour entrer en relation avec leurs semblables, même si ce besoin élémentaire est souvent inconscient. Pourquoi tant de nouveaux retraités dépriment-ils ? Ce n’est pas le travail qui leur manque, mais bien le lien social.
En permettant à ses collaborateurs d’acquérir individuellement les clés de relations saines et enrichissantes (car pour l’immense majorité des humains, cela demande un apprentissage), l’entreprise prend soin de leur premier et principal besoin : celui d’entrer en relation. Et de ce fait, elle supprime la source d’un grand nombre de ses dysfonctionnements et prend ainsi soin de sa propre performance.